Ou plutôt les budos. Ce sont les arts martiaux japonais apparus entre le milieu des XIXe et XXe siècles.
En japonais, BU signifie « la guerre » et DO « la voie » (en chinois : dao ou tao).
Les budos les plus connus en Occident sont le judo, l’aïkido, le karaté-do, et le kendo. Ce sont les héritiers des techniques guerrières médiévales, les « bujutsu » : le ju-jutsu, l'aiki-jujutsu, le kenjutsu, etc….
Si le terme français « art martial » se comprend comme «art guerrier», le terme " budo " peut se comprendre originellement comme « la voie pour arrêter la lance », interrompre l'agression, donc comme un art de défense.
À partir du milieu du XIXe siècle, certains Maîtres, notamment Jigoro Kano (Judo), Morihei Ueshiba (Aikido) et Gichin Funakoshi (Karaté) prennent conscience que, loin d’être devenues inutiles, les techniques guerrières ont encore un rôle éducatif et de promotion internationale. C'est ainsi que les « jutsu » (techniques) sont devenus des « do » (voies) : le ju-jutsu (techniques de souplesse) donne naissance au judo et à l'aïkido, le kenjutsu (escrime) laisse sa place au kendo, le kyu-jutsu au kyūdō (tir à l’arc). Le karaté est introduit dans les années 1920 en provenance d'Okinawa et ne sera reconnu comme budo que quelques années plus tard. L'efficacité est une question que tout pratiquant quelque peu passionné par les arts martiaux est amené à se poser tôt ou tard.
En situation de guerre véritable, sur un champ de bataille à l'époque féodale, l’efficacité n'était pas un simple questionnement intellectuel, mais une question de survie. Dans le Japon féodal, Les « kakuto bugei » désignaient les arts « gei » de guerre « bu » véritables que les « bushi » (guerriers) devaient pratiquer.
Il en existait cinquante dont plusieurs étaient théoriquement obligatoires. Citons:
- Ju-jutsu (art de la souplesse dans le combat à mains nues)
- Iai-jutsu (art de dégainer et trancher avec le sabre)
- Hei-ho (la stratégie militaire) Kyu-jutsu (art du tir à l'arc)
- Okkuto-kenjutsu (escrime avec sabre en bois)
- Tessen-jutsu (art de l'éventail de guerre)
- Shuriken-jutsu (art de lancer des projectiles)
- Ken-bujutsu (art de l'escrime en combat réel)
Par ailleurs, et c'est là un aspect essentiel, tout art martial s'inscrit dans un contexte historique aux conditions anthropologiques précises (vêtements, armements, us et coutumes...). Ainsi les nombreuses techniques que pratiquent toujours les Ju-Jutsukas :
– contre des saisies de la main sont directement issues de la préoccupation des samouraïs de se défendre contre un ennemi qui les aurait empêché de dégainer leur sabre ;
– les attaques aux articulations se comprennent par le simple fait qu'un samouraï portait une armure dont les jointures étaient les points les plus faibles ;
– un samouraï était équipé d’un katana (sabre long) et d’un wakisashi (sabre court), mais aussi d’un tanto (poignard) dans son obi (ceinture). Les clés exercées sur un bras devaient impérativement avoir une efficacité telle qu'il soit impossible de se servir du tanto de l'autre main.
Lorsque Jigoro Kano fonda le judo en 1882 il retira du ju-jutsu tout ce qui était jugé dangereux, amorçant le passage des bujutsu aux budos. Ainsi, dans le ju-jutsu traditionnel, il existe des techniques de clés, de projections, d'étranglements, de frappes et de saisies spécifiques.
Pour conclure, les budos n'ont donc pas pour objectif l'efficacité en situation réelle comme leurs ancêtres les bujutsu, mais plutôt le perfectionnement de soi-même à travers la pratique de techniques issues des arts de guerre du Japon féodal.
En travaillant l'art martial, l'humain s'améliore, et cette amélioration a des répercussions sur sa vie de tous les jours. Ainsi, le budo ne s'arrête pas aux portes du dojo mais doit « emplir la vie » du budōka (pratiquant de budō). C'est le sens et la promesse du terme « do ».